Où est l'Alsace ?

kathy a écrit:J'aurais bien voulu y participer, mais je voudrais quand même dépenser mes derniers deniers à Belfort, le 26 n'étant pas férié en Franche-Comté.

L'année dernière, le même jour, au péage autoroutier de Fontaine je m'étais étonné du nombre de voitures qui vont vers Belfort.
Le guichetier (la vingtaine) me répond "En Alsace, c'est férié, alors ils viennent en France faire leurs achats" !
Une heure plus tard à Morteau, on nous a fait la même réflexion.
Finalement l'Alsace est où ? En Allemagne, en Suisse, en Belgique ou tout simplement en ALSACE ! Comme aurait dit le Général De Gaulle
<<Vive l'Alsace Libre>>

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Nous sommes Alsaciens, et c'est bien le plus important.
Que ceux qui passent leur temps à vouloir nous placer dans des cases, s'inspirent de ce qui se fait en Alsace, tant au niveau de notre couverture sociale ( bénéficiaire, elle!) qu'au niveau de la qualité de notre main d'oeuvre, ou de la qualité de nos infrastructures ( que nous avons financées soit dit en passant- autoroute-tgv )ou encore à l'attachement que nous portons à notre patrimoine culturel.
Nous fiers de nos racines, nous ne renions rien du passé (que nous avons subi), nous ne changeons pas d'opinion au gré des tendances.... en bref pour que la France réussisse, il est urgent qu'elle devienne ALSACIENNE.

Ca c'est parlé !!!!
Je suis fier d'être alsacien avant tout.

Suite à ce qui est dit plus haut, j'ai rouvert le livre de Pierre Sieger FRANCAIS...à l'alsacienne (disponible à la bibliothèque de Sausheim) Edifiant si l'on veut comprendre la mentalité alsacienne.
A lire aussi le livre de Laurence Winter CIEL ! Mon mari est muté en Alsace....
Remarquez les points de suspension. C'est à dire que l'histoire en Alsace ne finit jamais (n'est-ce pas "Piment", c'est bien ça?)
Dans le livre de Pierre Sieger j'ai relevé quelques passages hilarants :
> Pendant l'occupation, l'histoire de ce brave alsacien qui vient à la mairie de son village, pour changer de nom, est significative de l'humour alsacien.
Il se plaint auprès du fonctionnaire allemand que le nom qu'il porte lui devient insupportable car tout le village se moque de lui. Quand il dit se nommer Adolf Schleimscheisser (qui défèque de la glaire), le fonctionnaire compatit et croit fort bien comprendre les motivations de notre Adolf qui, par ailleurs, a l'insigne honneur de porter le même prénom que le Führer.
<<Comment voulez-vous vous appeler mon cher>>
<< PETER Schleimscheisser>> !

Une autre :
> Déjà en 1870, le changement des noms à consonnances françaises était devenu une obligation. Cependant, à chaque retour dans le giron de la France, ces noms se voyaient refrancisés. Alors que les Allemands, très portés sur la rigueur et la connaissance des langues étrangères, procèdent toujours à une traduction littérale, les Français, quant à eux, toujours aussi laxistes, se contentent de faire une traduction phonétique. Ainsi, la soi-disante histoire de la famille LAGARDE est devenue légendaire en Alsace.
En 1870, le nom de LAGARDE, traduit littéralement, devient WACHE (la garde). En 1918, les WACHE voient leur patronyme transformé phonétiquement en VACHE. En 1940, VACHE devient KUH et en 1945, quand leur nom Kuh devient naturellement CUL, le chef de famille se précipite à la Mairie et insiste pour reprendre celui de ses ancêtres, LAGARDE.
Connaissant son monde et ayant pris l'habitude des revers de l'histoire, il craint en effet qu'au prochain retour des teutons, il soit gratifié du nom d'ARSCHLOCH (trou du cul). !

Non, Skipp, l'Histoire et "les histoires" ne prennent jamais fin!
J'aime l'Alsace et j'ai la chance, grâce à mes parents, de maîtriser parfaitement son dialecte! Je ne comprenais pas un mot de Français à mon arrivée à l'école maternelle, à l'âge de quatre ans, mais cela ne m'a pas empêché de devenir un fervent admirateur et défenseur de la langue française!
Pour beaucoup l'Alsace se limite souvent aux nids de cigognes et à la choucroute garnie alors qu'elle est toujours un jardin extraordinaire! ("Quel beau jardin"! Louis XIV)
Nous avons nos traditions, nos légendes et nos coutumes que nous avons conservées et entretenues, tant bien que mal, jusqu'à ce jour et nous devons en être fiers! Malheureusement, l'évolution socio-économique, inéluctable, s'accompagne d'un recul de notre dialecte et d'une espèce de "folklorisation" de l'identité culturelle! J'ai bien peur que les jours de notre dialecte alsacien ne soient comptés, son déclin est aussi lié au recul de la pratique et de la transmission dans les familles!
Y aura-t-il bientôt un "dernier des Alsaciens" comme il y a eu hier un" dernier des Mohicans?"

"Etre alsacien, c’est aimer l’Alsace, s’y investir, s’y engager pour que, fort de son passé, on puisse préparer et assurer son avenir, donc sa différence et sa spécificité !"
Hubert HAENEL, sénateur.

J'abonde entièrement, "Piment", à ta vision de l'Alsace.
Quant à 7 ans, je suis entré à l'école élémentaire, je ne parlais ni ne comprenais un mot de français. Prononcer un seul mot d'allemand était passible d'une punition et la maîtresse ne s'en privait pas. Ce n'est que Monsieur SCHUFFENECKER (voir dans un autre sujet du forum) qui a su comprendre ma deséspérance. J'espère ne pas lui faire honte de mon français s'il me regarde de là-haut. Quand j'écris je pense à lui. Que c'était dur d'être français en Alsace à cette époque.
Je suis né en Alsace, j'aime ma région, je m'y suis investit et elle me le rend bien.
Je me désespère que nos enfants refusent de parler notre dialecte. Pourtant, cà et là, ados ou adultes, ils se mettent à parler alsacien. Serait-ce pour se distinguer du reste de la population, comme le font les enfants des immigrés ?
Dernièrement, au cimetière du Vieil Armand, un vieux Monsieur en uniforme d'apparat, saisit ma compagne (parisienne de naissance) par le bras et lui dit : <<Dites aux Français que nous les Alsaciens, nous ne sommes pas des Boches, des Allemands, regardez (en montrant les tombes) tous ceux qui sont morts pour la France. Dites que nous sommes des alsaciens FRANCAIS>>
Ce cri de deséspoir, serait-ce celui du "Dernier des Mohicans" ?
Maintenant que j'ai le temps, je me régale à écouter nos "vieux" raconter en dialecte leur jeunesse, l'occupation (les occupations), leur vie en Alsace.
Il nous appartient, à nous les jeunes seniors, d'en faire autant.

Je suis un peu moins âgé que toi Skipp mais à l'école primaire à Dornach, si pendant la récréation on parlait alsacien, on nous faisait remarquer qu'on devait parler français. Le comble était que l'instituteur faisait du théâtre alsacien au Lerchenberg.
Pareil en rentrant à la maternelle...je ne savais pas un mot de français

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"Etre alsacien, c’est aimer l’Alsace, s’y investir, s’y engager pour que, fort de son passé, on puisse préparer et assurer son avenir, donc sa différence et sa spécificité !"

je partage entièrement ton analyse

Une malheureuse glissade m'a fait passer une nuit à l'hôpital de Bourg Saint Maurice en Savoie.
A l'accueil on s'adresse à moi en "anglais".
<Pardon, je parle français> ai-je répliqué.
<Excusez-moi, Monsieur, mais nous avons tellement d'étrangers ici> m'a répondu la très courtoise dame.
<Si vous voulez, je peux vous causer en alsacien> lui ai-je dit d'un ton goguenard.
<Ah, vous êtes alsacien ? alors tout sera facile> me répond-elle en regardant ma carte Vitale. Cette carte est un vrai passe, puisqu'elle rembourse les soins à l'hôpital à 100% !
Plus loin, aux soins d'urgence, rebelote, on me parle anglais, je réponds ...... (voir ci-dessus). Mais là, la jolie infirmière me tacle en coin d'un air malicieux
<Vu wo bisch dü ?>
<Vu Saüssa>
<Un ech benn vu Ellzi(Illzach), unz Nadine esch vu Kolmer, unz Sylvie vu Niederbronn, .....>
Voilà où sont nos filles.
Le brancardier était de Nancy, et le chirurgien est libanais ayant fait ses études à Strasbourg et causait quelques mots de notre dialecte.
Et les soins, impeccables !
Tiens, je vais leur envoyer quelques bouteilles de vendanges tardives.

Intern-alsacien

Prompt rétablissement, Skipp!

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Voilà ce qu'il faut envoyer à ce charmant personnel de l'hôpital de Bourg Saint Maurice!

Hopla, moi aussi j'ai été à l'hôpital, mais au Moenschberg. Je n'y ai pas beaucoup entendu parler la langue de Troxler. Les médecins en particulier étaient d'origine étrangère. Ceci dit, j'ai été très bien soigné et j'ai été très positivement surpris par la qualité des soins et les qualités humaines de toutes ces personnes qui sont par ailleurs soumises aux pressions que l'on connaît.

Pour ce qui est du dialecte, je fais aussi partie des "derniers mohicans". Le fait de travailler en Suisse depuis près de 20 ans a "dépoussieré" mon parler, mais mon orthographe française a souffert ... C'est vrai que l'usage abusif des mots français appauvrit beaucoup notre langue. ll existe des dico alsaciens qui pulullent de mots croustillants. Moi aussi j'ai appris le français à l'école et en ai fait ma "langue naturelle" en complément à ma "langue maternelle". Je les savoure autant l'une que l'autre, elles ont toutes les 2 des finesses incroyables.